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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 20:43


Ça se passe pendant le siège de la ville de Samarie par les troupes du roi Ben-Hadad, roi d'Aram.

 

À Samarie, la famine devient terrible. À tel point que les gens mangeaient n'importe quoi, et étaient prêts à payer des fortunes pour manger des trucs insensés…

 

Genre, une tête d'âne, ça coûtait environ 200 € (sans les yeux ; avec, c'était plus cher…).

 

200 grammes de crottes de pigeon, 50 € (mélangées à de l'eau et avec un peu de sel, ça faisait comme une sorte de galette, qu'on mangeait avec les yeux frits de l'âne…)

 

Un jour, le roi fait sa tournée d'inspection sur les murailles de la ville, quand une femme vient l'accoster : "Au secours, Majesté, aide-moi!"

 

À cette époque, on tutoyait encore les rois…

 

Le roi, qui pensait que la femme demandait à manger, lui répond : "Et avec quoi tu voudrais que je t'aide? Moi non plus, j'ai rien à me mettre sous la dent… Dégage!" (pas poli, le roi…)

 

Mais la femme insiste : "C'est pas ça, mais j'ai un problème avec ma voisine"

 

Bon, si le roi ne doit rien donner d'autre qu'un avis, il veut bien écouter…

 

"Voilà, dit la femme, ma voisine et moi, on avait toutes les deux un bébé. Comme on crève de faim, on a décidé qu'on tuerait et mangerait un des bébés un jour, l'autre le lendemain"

 

Le roi ne fait même pas "beeerk", au point où ils en sont, hein une tête d'âne, des crottes de pigeon ou un bébé, quelle différence ?

 

"Alors, on a pris mon fils, on l'a tué, on l'a fait rôtir, et on l'a mangé", dit la femme.

 

Le roi se dit qu'elle aurait bien pu l'inviter, ou lui apporter une petite côtelette de bébé rôti, ça doit quand même être meilleur que de la tête d'âne, et surtout plus tendre…

 

"Mais le lendemain, dit la femme, ma voisine n'a pas voulu qu'on tue son bébé à elle ! Elle l'avait caché, cette grosse vache, sûrement pour le manger elle toute seule !"

 

Quand le roi entend ça, il se met dans tous ses états. Enfin, plus exactement, il se met en deuil : il s'habille de vieux sacs de pommes-de-terre, et se met de la cendre dans les cheveux et sur le visage.

 

À l'époque, comme l'imprimerie n'existait pas, c'est ce qui servait de faire-part de deuil…

 

Et comme il se baladait sur les remparts de la ville, tout le monde a pu voir qu'il était en deuil. Ce qui n'enleva rien à la morosité ambiante…

 

Et le roi dit : "Tout ça, c'est de la faute de cet Elisée, ce prophète de malheur ! Sur ma vie (euh, non, sur celle de ma femme, plutôt), ce soir, Elisée n'aura plus la tête sur les épaules!"

 

Alors, il envoie un de ses serviteurs chez Elisée, qui était là, peinard, tranquille, gentiment assis chez lui.

 

Elisée, avant même que le serviteur arrive, dit à ses copains qui faisaient la fête avec lui : "Ce fils d'assassin envoie quelqu'un pour me couper la tête!"

 

C'était un super-prophète, hein, Elisée?

 

"Dès qu'il arrivera, dit-il, fermez-lui la porte au nez et interdisez-lui d'entrer"

 

Super-prophète, peut-être, mais pas super-courageux, le gars…

 

Le serviteur arrive, comme prédit par Elisée. Comme la porte est fermée à double tour, Elisée et lui se parlent par la fenêtre.

 

"T'es un salaud, dit le serviteur, la famine est arrivée à cause de toi et de tes plans foireux avec Dieu!"

 

"Mais non, dit Elisée, demain, promis-juré, 50k de farine coûteront 2 euros, et 100k de seigle, à peine 1€"

 

Le serviteur du roi n'en croit pas un mot : "pfff, même si t'avais des relations haut placées, je ne vois pas comment tu pourrais faire ça. À moins d'un miracle…"

 

Elisée lui répond : "Eh bien, tu verras ça de tes propres yeux. Sauf que tu n'en mangeras pas, pour ta punition de ne pas y croire"

 

Il n'aime pas qu'on ne le croie pas, Elisée…

 

Le soir même, Elisée demande à son copain Dieu de faire quelque chose.

 

Dieu déploie donc toute une batterie d'effets sonores spéciaux dans le camp des ennemis qui assiégeaient Samarie : bruits de chars, de chevaux, de soldats, et d'armes.

 

Si bien que les ennemis croient que les Israélites ont appelé les Égyptiens à la rescousse. Ils attrapent la pétoche, et dégagent vite fait du camp, en laissant tout là.

 

Et du coup, les Samaritains investissent le camp, trouvent des tas de sacs de farine et de seigle, qu'ils revendent effectivement à prix cassé.

 

Sauf que le serviteur incrédule du roi, lui, n'y a pas eu droit :

 

Comme la population de Samarie s'était précipitée en masse vers le camp des ennemis, elle avait ratatiné le serviteur en poussant la porte de l'entrée de la ville, un peu comme un vigile de Marks et Spencer un matin d'ouverture des soldes à l'entrée du magasin.

 

Le peuple avait donc écrasé le serviteur contre le porte : et il était mort.

 

Comme quoi, faut pas rigoler avec les prophéties… Tu peux bouffer ton enfant rôti, mais pas te moquer d'un prophète…

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commentaires

J
<br /> Dis, il aurait manger du renard, aussi ?<br /> Car si c'est le cas, je vais me cacher dans mon terrier, moi ! Peureux, le Blue !<br /> <br /> Bonne journée, Betty, et au plaisir de lire les prochains "contes".<br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> <br />
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