Voilà trois mois que Moïse a entraîné les Hébreux dans un trekking en plein désert, dans le but avoué de les faire sortir d'Egypte, où ils étaient esclaves,
et des les amener jusqu'en Canaan (futur Israël), la terre que Dieu leur avait promise depuis Abraham (ça fait un bail, mais Dieu n'oublie jamais ses promesses, il n'a qu'une parole).
Au bout de trois mois, ils glandent toujours dans le désert, mais ils arrivent enfin au Sinaï, là où il y a une haute montagne
(c'est pas le Mont Blanc, mais ça fait quand même 2285m d'altitude, cette collinette).
Le peuple décide de camper au pied de la montagne, et Moïse, qui est leur chef, décide quant à lui d'aller faire un petit coucou à son pote Dieu, qui fait parfois un bout de chemin en direction des hommes
mais pas trop, alors, il s'arrête souvent au sommet d'une montagne.
Moïse se met donc à escalader le mont Sinaï. Purée, c'est pas évident, avec ce soleil : il transpire comme une motte de beurre hors du frigo, mais il finit quand même par arriver en haut.
Là, Dieu dit à Moïse : "Redescends, et porte ce message au peuple d'Israël"
"Hey, redescends, redescends, qu'il dit Moïse, c'est quoi pour un accueil, ça : je viens à peine d'arriver! Je crève de faim et de soif, en plus.
T'aurais pas un truc sympa à grignoter, et une petite bière bien fraîche?"
"Ok, dit Dieu, t'énerve pas, j'allais te la donner, ta bière, et aussi quelques olives et des cacahouètes."
Moïse fait un peu la tronche : des olives et des cacahouètes, pour un ventre affamé qui cavale depuis trois mois dans le désert, et qui vient de se taper une jolie escalade, c'est un peu short.
"Euh, t'aurais pas quelque chose qui tienne un peu plus au corps, genre hamburger-frites, par hasard ?"
"Ah non, répond Dieu, mais il me reste quelques côtelettes d'agneau. Ça te dit?"
Si ça lui dit, à Moïse ? Oh que oui! Sa dernière côtelette d'agneau remonte à la veille de leur départ d'Egypte, autant dire au déluge.
Pendant que Moïse s'empiffre, Dieu lui dit ce qu'il doit dire au peuple :
"Bon, voilà, j'ai été sympa avec vous : je vous ai libérés des Egyptiens, et je vous ai portés à travers le désert comme sur les ailes d'un aigle."
Là, Moïse, il trouve que Dieu exagère un tantinet : "comme", c'est pas la réalité.
En fait, ils se sont tout coltiné à pied, oui, dans le sable du désert, sous un soleil de plomb, et sans grand-chose à se mettre dans le ventre le soir.
Mais bon, il ne veut pas vexer Dieu (il a un peu peur que, du coup, Dieu lui piquerait la dernière côtelette d'agneau qui est dans le plat et qui lui fait de l'œil).
Alors, il laisse Dieu causer
(du temps qu'il cause, il ne mange pas, Dieu est poli : il ne parle jamais la bouche pleine, et donc Moïse en profite, mine de rien, pour subtiliser la dernière côtelette).
Dieu poursuit donc : "Au fond, je vous aime bien, vous, mon peuple. Donc, je continuerai à vous protéger.
Mais à une condition."
"Aie, se dit Moïse, quand Dieu se met à poser des conditions, c'est mal barré. Qu'est-ce qu'il va encore nous inventer?"
"Tkt, dit Dieu, c'est juste une alliance que je vais faire avec vous. Une sorte de contrat, quoi. T'es d'accord?"
"Attends, dit Moïse, faut que je consulte la base."
Il prend son portable, appelle le peuple, et leur transmet la proposition de Dieu.
La base se consulte, et accepte le contrat.
Sauf qu'ils n'avaient pas encore compris que, dans les contrats, t'as intérêt à tout bien lire avant de signer, même les trucs écrits tout en bas en police 8 et en italique…
Puis Dieu dit à Moïse : "Toi et moi, on est copains, mais, vis-à-vis du peuple, je préférerais garder un certain incognito…
Alors, voilà, je vais faire venir un nuage, qui empêchera le peuple de me voir, mais pas de m'entendre."
Moi, je serais le peuple, je m'en méfierais un peu, de ces cachotteries…
Dieu ajoute : "Je viendrai dans trois jours.
Mais si les Hébreux ne me verront pas, moi, je les verrai.
Et je trouve qu'en ce moment, ils sont un peu pas très propres sur eux.
Alors, dis-leur de faire un brin de toilette et de laver leur vêtements, pour dans trois jours."
Il croit quoi, Dieu ? Qu'il y a des pressings à chaque coin de dunes, et des douches derrière le moindre palmier, dans le désert?
"Il faudra aussi que tu leur dises de ne pas approcher de la montagne, sous peine de mort : c'est MA montagne, et j'aime pas qu'on piétine mes plates-bandes!"
(il a un sens aigu de la propriété, Dieu, des fois).
"Et en plus, pas de relations sexuelles pendant trois jours :
il faut que vous soyez chastes comme des footballeurs lors de la coupe du monde, pour garder toute votre vigueur et votre énergie à écouter mes divines paroles."
Je ne suis pas certaine que, sur ce coup-là, il ait été entendu, en tout cas pas dans une certaine équipe tricolore…
Et effectivement, le troisième jour, Dieu se manifeste au peuple :
le matin, il y a comme des voix, des éclairs, une nuée qui recouvre la montagne,
et on entend un bruit comme celui d'une vuvuzela assourdissante ; dans le camp, tout le peuple se met à trembler et à se boucher les oreilles.
Tout le peuple se rue devant la montagne, dans l'espoir de voir Dieu. Ça leur fait un effet foot, quoi…
Pas de chance : il y avait ce matin-là un brouillard pire qu'à Londres au mois de novembre.
Par contre, on aurait dit que les vuvuzélas s'étaient multipliées par cent, voire par mille, tellement ça faisait de potin.
Le seul qui semblait ne pas en être incommodé, c'était Moïse.
Faut dire qu'il avait eu la bonne idée de débrancher son sonotone.
Du coup, les vuvuzélas, pour lui, c'était juste comme si une mouche lui zonzonnait autour (veinard, va!).
Dieu dit à Moïse : "Monte, et puis redescends dire aux Hébreux de monter vers moi. Puis, remonte avec eux."
"Dieu, t'es sûr que tu te sens bien ? Tu viens de me dire, il y a pas plus tard que trois jours, que personne n'avait le droit de toucher à cette montagne, et maintenant, tu voudrais les faire monter dessus?
En plus, moi, je refuse de faire tous ces allers-retours : c'est plus de mon âge!"
"Tiens, j'ai dit ça, il y a trois jours, dit Dieu ? On devait en être à la quatrième bière, parce que je ne me rappelle plus trop…
Mais bon, OK, monte seulement avec ton frère Aaron, et je vous dirai ce que j'ai écrit dans mon contrat.
Je suis assez fier de ce contrat, d'ailleurs, j'ai décidé d'appeler ça les dix commandements…
Pas mal, hein, comme titre, pour un film ?"
Ben, justement, le scénario du film, c'est pour la prochaine fois.