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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 20:27

Suite à une malheureuse dispute avec son frère Esaü, Jacob se voir contraint de demander l'asile politique chez son oncle Laban, à Haran.

 

Comme Jacob a l'air de bien s'y connaître en moutons, Laban lui demande de travailler pour lui comme berger.

 

Jacob est bonne poire, mais quand même, il y a des limites.

 

Il dit à Laban : "OK, je suis le fils de ta sœur, mais c'est pas une raison pour que je bosse à l'œil pour toi."

 

Laban est un peu vexé : il pensait que son neveu, déjà reconnaissant d'échapper à la colère de son frère Esaü, serait tout content de travailler aux moutons, même gratos.

 

Ben non, Jacob a des plans de carrière, et pas question que son oncle lui tonde la laine sur le dos.

 

"Bon, dit Laban, quels sont tes honoraires?"

 

Jacob réfléchit : du pognon, il en aura de toute façon le jour où son père mourra, et où il héritera.

 

Par contre, une femme, il n'en a pas.

 

Il a bien remarqué que Laban a deux filles, l'aînée, Léa, a de beaux yeux, et la cadette, Rachel est fort appétissante et belle à regarder.

 

Jacob tombe aussi sec amoureux fou de Rachel.

 

Alors, il dit à Laban : "Si tu es d'accord, je te servirai gratos pendant sept ans, si tu me donnes Rachel pour femme."

 

Sept ans! Ben dites donc, elle a plus de valeur à ses yeux que le dernier modèle de Peugeot 4x4 qu'il avait vu au Salon de l'Auto, et qui faisait bien trois ans de salaire!

 

"OK, dit Laban, je préfère encore te la donner à toi plutôt qu'à un autre. Et puis ça me plaît, que tu restes avec moi pendant 7 ans, t'es sympa, comme mec."

 

(là, il s'avance peut-être, Laban, parce que Jacob, on l'a vu avec le coup de la bénédiction, il est plutôt roué, comme gars).

 

Mais bon, Laban non plus, il est pas toujours franc du collier en affaires, on va voir ça bientôt.

 

Et sept passent, durant lesquels Jacob bosse pour son oncle Laban en attendant de recevoir son salaire, c'est-à-dire Rachel.

 

Mais comme il est très amoureux, ces sept ans, pour lui, c'est juste comme quelques jours.

 

N'empêche qu'il surveille quand même le calendrier, et au bout de sept ans, il dit à Laban :

 

"Bon, les sept ans, c'est passé. Donne-moi mon salaire (euh, ma femme), à présent."

 

Sauf que ça l'arrange pas trop, cette histoire, à Laban : dans son pays, la coutume veut que l'on marie d'abord l'aînée, pas la cadette.

 

Mais comme en sept ans, il a eu le temps de réfléchir, il a sa petite idée pour régler les choses à sa façon.

 

"OK, qu'il dit à Jacob, j'organise un grand banquet de mariage, et, le soir de tes noces, je mets ma fille dans ton lit."

 

"Enfin, se dit Jacob, depuis le temps que je l'attendais, celle-là! Je vais lui faire la fête, à la Rachel, que le banquet de noces de son père, à côté, ça lui semblera une veillée de morts!"

 

Il relit bien son Kama-sutra, deux fois même, pour être certain de faire grimper Rachel aux rideaux, le soir des noces.

 

Ledit soir arrive, et Laban amène sa fille à Jacob : "Tiens, voilà ta femme, et bon amusement!"

 

Jacob est un tantinet étonnée : sa future femme est complètement voilée, de la tête aux pieds!

 

Laban dit : "Tu vois, je t'ai même fait un emballage-cadeau! C'est pas forcément écrit dans le Kama-sutra, mais tu verras, c'est sympa d'ouvrir les emballages-cadeau."

 

Sur ce, il fait un petit clin d'œil égrillard à Jacob, et le plante là avec son cadeau-surprise.

 

Jacob se dit : "Après tout, pourquoi pas? C'est sympa, de sa part, de me faire un emballage-cadeau."

 

Et il rentre sous sa tente pour déballer son cadeau.

 

Mais le cadeau n'est pas d'accord : "Non, ne me déshabille pas, dit la fille, ça m'intimide…"

 

Jacob est de plus en plus étonné : Rachel ne lui a jamais paru être un tempérament timide, au contraire, elle lui lançait de ces œillades qui le mettaient dans tous ses états.

 

Mais comme il a compris qu'avec les femmes, il ne fallait pas chercher à comprendre, et il n'insiste pas.

 

Et il consomme donc son cadeau avec l'emballage.

 

Le lendemain matin, il se réveille, et se tourne vers sa bien-aimée pour lui faire un câlin du matin.

 

Surprise : c'est pas Rachel, c'est Léa!

 

Jacob s'en va trouver Laban, et, furax, lui hurle : "Qu'est ce que tu m'as fait là comme coup tordu?

 

Pourquoi c'est Léa, et pas Rachel qui est dans mon lit? Allez, vas-y, j'attends ton explication foireuse!"

 

Laban répond : "Ben c'est pas la coutume chez nous de marier la cadette avant l'aînée."

 

"Ah, oui? T'aurais quand même pu me le dire avant, sale fourbe!"

 

"Tu sais quoi?, dit Laban. Termine ta lune de miel avec celle-ci, puis, si tu bosses encore sept ans pour moi, je te donne aussi l'autre, dès la fin de la lune de miel avec la grande."

 

Moi, je serais Jacob, je me dirais que je me suis fait avoir sur toute la ligne…

 

"Mais c'est de Rachel dont je suis amoureux, vieux grigou, pas de Léa!"

 

"N'empêche, dit Laban, ma Léa, tu n'as pas craché dessus, cette nuit…"

 

Là, Jacob, il ne peut pas dire le contraire. Mais après sept années d'attente, mettez-vous à sa place…

 

Donc, il profite allègrement de sa lune de miel avec Léa, même s'il regrette un peu de devoir patienter avant de recevoir son deuxième cadeau-suprise.

 

Mais il finit quand même par l'obtenir.

 

Comme il est devenu hyper-méfiant à l'égard de Laban, cette fois, il vérifie bien que c'est Rachel cachée sous l'emballage,

 

des fois que Laban aurait eu l'idée de lui refiler une vieille cousine célibataire, ou quelque chose du genre…

 

Non, OK, c'est bon, c'est Rachel.

 

C'est même très bon, avec Rachel, il en est fou amoureux, il l'aime bien plus que Léa.

 

Et ça, à tous les coups, ça risque de provoquer des scènes de ménage…

 

Comme Jacob était légalement marié aux deux sœurs, et même s'il préférait Rachel, il allait quand même parfois présenter ses virils hommages à Léa.

 

Qui finit par tomber enceinte, alors que Rachel reste désespérément stérile.

 

Mine de rien, Léa lui fait quatre garçons coup sur coup. Et Rachel, rien, même pas une fille…

 

Rachel, qui bien sûr, devient malade de jalousie, en voyant que sa sœur a 4 enfants, et elle, rien du tout.

 

Alors, elle dit à Jacob : "Donne-moi des enfants, ou je meurs!"

 

Jacob se fâche quand même un peu, et il hausse le ton : "Hé, ma jolie, c'est quand même pas de ma faute! Moi, des enfants, je sais en faire. La preuve. La stérile dans l'histoire, c'est toi!"

 

Alors, Rachel se souvient d'une combine qu'avait déjà utilisée son ancêtre Sarah : la mère-porteuse!

 

Elle dit à Jacob : "Tiens, je te donne ma servante Bilha, fais-lui un môme, et après, je l'adopte. Comme ça, moi aussi, j'aurai un fils."

 

Jacob fait un peu la grimace : au départ, il ne voulait que Rachel comme femme, et le voilà maintenant avec trois nanas sur le paletot!

 

Et puis, Bilha, hein, c'est pas trop son genre…

 

Mais Rachel préfère être jalouse de sa servante que de sa sœur (encore un truc que Jacob n'arrive pas à comprendre).

 

Elle insiste tellement que Jacob finit par se résigner

 

(enfin, il fait croire que c'est un énorme sacrifice, mais dans le fond, ces petits extras, c'est pas pour lui déplaire).

 

Et pof, il colle un marmot à la servante de Rachel! Et de cinq!

 

Dans la foulée, Jacob remet ça quelques mois plus tard : et de six!

 

Quand la grande Léa s'aperçoit qu'elle ne donne plus de fils à Jacob, elle se dit qu'elle va user du même stratagème.

 

Elle file donc sa servante à Jacob, pour qu'il lui fasse un môme.

 

"Eh, oh, dit Jacob, ça suffit, après ça, hein? Je ne suis pas un étalon reproducteur, moi!"

 

Il dit ça, mais il ne crache pas sur Zilpa, la servante de Léa, à laquelle il colle aussi deux garçons l'un après l'autre. Et de huit, donc.

 

Jacob va devoir sérieusement songer à acheter un autobus pour emmener toute sa petite famille sur la côte d'Azur l'été prochain.

 

Un jour, l'aîné des fils de Léa, Ruben, part dans les champs à la recherche de pommes d'amour.

 

Il revient avec ses pommes d'amour, et Rachel lui dit :

 

"Donne-moi tes pommes d'amour, mon petit Ruru, tu sais que j'adore ça!"

 

Mais Léa, furieuse, bondit comme une tigresse :

 

"Ça alors! Ça ne te suffit pas de me prendre mon Jacob, tu veux en plus les pommes d'amour de mon fils!"

 

Rachel dit alors : "OK, OK, on fait un deal : Jacob viendra coucher avec toi, et moi, je prends les pommes d'amour de ton fils."

 

"Marché conclu", dit Léa, qui préfère Jacob aux pommes d'amour de son fils.

 

Le soir, quand Jacob rentre du boulot, Léa lui dit : "Cette nuit, tu coucheras avec moi, car je t'ai échangé contre les pommes d'amour de Ruben."

 

Jacob a un tout petit peu l'impression d'être un homme-objet entre toutes ses nanas, mais il a déjà appris que quand les femmes ont fait un deal entre elles, inutile de discuter…

 

Là-dessus, revoilà Léa enceinte : et de neuf. Et de dix même, une année plus tard.

 

Ensuite, ô miracle, Léa pond enfin une fille dans tout ce paquet de garçons : Dinah.

 

Jacob n'est pas totalement ravi :

 

il s'était tellement bien habitué à ne coller que des fils à ses femmes, qu'il se demande si c'est vraiment lui le père de cette crevette rose et hurlante que tout le monde chouchoute.

 

La compétition est rude entre Léa et Rachel, qui ne veut pas être en reste, si bien qu'elle fait un nouveau môme à Jacob : et de douze!

 

Le compte est bon : une équipe de football au complet, et Dinah en pompom-girl!

 

La suite des aventures de Jacob, c'est pour une prochaine fois.

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 20:45

À Pâques, donc, le vendredi, Jésus est mort crucifié. Et ressuscité, par la même occasion, le dimanche.

 

Personne n'y croyait vraiment. Sauf quelques-uns qui prétendaient l'avoir vu vivant, sur une route entre Jérusalem et Emmaüs.

 

En route pour aller serrer la main de l'abbé Pierre.

 

(pour plus d'infos, vous rapporter au récit: "Mais où est donc passé Jésus?")

 

N'empêche qu'un beau jour, alors que tous les copains de Jésus sont réunis, voilà t'y pas que, pof, soudain, le voilà qui se pointe!

 

Il leur dit: "Salut, les gens!"

 

Les disciples ont quand même un peu la trouille;

 

ils se disent: "on rêve, c'est un esprit, qu'on est en train de voir là, ou au mieux son corps astral, mais c'est pas lui, impossible!

 

il est entré comment, d'abord? Toutes les portes et les fenêtres sont fermées!"

 

Jésus leur dit: "Quoi, vous avez l'air étonnés de me voir? Limite même pas contents. Pourquoi vous trouvez bizarre que je sois là?"

 

"Ben, parce que t'es censé être mort… et puis, on sait pas, c'est une impression étrange: on dirait que c'est toi, et en même temps pas toi. Un peu comme si t'étais ton frère!"

 

Là, ils ont quand même raison sur un point: puisque Jésus se disait le frère de tout le monde, pourquoi il n'aurait pas pu être son propre frère, hein?

 

Déjà qu'il est le fils de Dieu, et celui de Joseph (au moins; pour plus de détails sur les pères putatifs de Jésus, voir les récits sur sa naissance, merci.)

 

Il leur dit: "Regardez mes pieds et mes mains, bande de sceptiques!"

 

Ils regardent: effectivement, on voit nettement les trous des clous. Donc, c'est lui (sauf s'il a un frère vraiment atteint psychologiquement, et qui aime s'auto-mutiler).

 

"En plus, touchez-moi."

 

Ils touchent, mais prudemment.

 

"Ben vous sentez bien, c'est bien de la chair et des os, je ne suis pas un fantôme, quand même!"

 

Ils sont tout contents, mais quand même encore passablement incrédules

 

(surtout un certain Thomas, dont Luc ne parle pas, sans doute qu'il ne voulait pas faire de peine à son pote Thomas…)

 

Jésus continue, histoire de bien enfoncer le clou

 

(euh, ce n'est, en la circonstance, peut-être pas vraiment l'expression adéquate, mais comme dirait Ponce Pilate: ce que j'ai écrit, j'ai écrit).

 

"Vous auriez pas un petit quelque chose à grignoter? continue Jésus. C'est que j'ai rien mangé depuis Vendredi Saint, moi!"

 

Or, on n'a jamais vu un esprit ou un fantôme réclamer à manger.

 

Là-dessus, les copains de Jésus, ils commencent à se dire qu'ils ne sont pas victimes d'une hallucination collective.

 

Ou alors, s'ils le sont, c'est qu'ils sont tous atteints grave…

 

"Bah, dit un, on a bien un peu de poisson grillé. Désolés, hein, on ne savait pas que t'allais débarquer, on n'a pas fait les courses, c'est tout ce qu'il reste."

 

Du poisson grillé… Jésus aurait préféré une belle entrecôte d'agneau.

 

Mais bon, quand t'as plus bouffé depuis 40 jours, tu fais pas le difficile.

 

Il prend donc le poisson grillé, et se met à le manger devant eux.

 

Non sans y aller de son petit commentaire: "Ouais, pas mauvais, mais pas aussi bon que celui de ma maman: ça manque un peu d'épices, que je trouve, perso."

 

Un peu gonflé, Jésus: il débarque à l'improviste, et il chipote sur ce qu'on lui sert à manger!

 

Quand on pense que des générations de mamans ont seriné à leurs enfants: "Mange ce qu'on te donne, sans quoi le petit Jésus ne va pas être content."

 

On se demande si les mamans ont vraiment su comme il pouvait être difficile sur la nourriture, le petit Jésus en question…

 

Après avoir mangé, il dit à ses copains: "Vous vous souvenez, de ce que je vous disais avant les événements?"

 

"Euh, tu nous as dit passablement de choses, répondent les disciples, tu pourrais pas préciser un peu?"

 

"Eh bien, que tout ce qui était marqué dans la Bible, ça allait m'arriver."

 

"Ah oui, un peu comme l'horoscope!", s'exclame un des disciples.

 

"Moi, je ne crois pas à l'horoscope, dit Thomas, le Schtroumpf grognon et sceptique de l'époque."

 

Jésus, qui est patient quand il le veut bien, et qui connaît bien sa Bible, se met à leur expliquer tous les passages où ça parle de lui, et de ce qui devait lui arriver.

 

"C'est bien marqué, dans la Bible, que le Christ souffrirait, et ressusciterait le troisième jour, non? Et qu'on irait prêcher son nom dans le monde entier?"

 

"Euh, répondent les disciples, on est moins calés en Bible que toi, mais admettons. Et alors, le rapport?"

 

"Ben, le Christ, c'est moi…"

 

Première nouvelle, se disent les disciples. Surtout, ne pas contrarier un vivant revenu d'entre les morts, d'autant plus que le vivant en question est leur pote Jésus…

 

et qu'ils savent très bien que leur pote Jésus n'aime pas du tout qu'on le contrarie.

 

"Moi, continue Jésus, je vais vous envoyer bientôt un cadeau de la part de mon père numéro un (=Dieu), et vous allez être capables des faire des trucs extraordinaires.

 

Seulement, il faut que vous restiez ici, à Jérusalem, en attendant le cadeau, sans quoi il va atterrir poste restante,

 

et ça serait dommage pour vous, c'est du périssable, à consommer avant la date de péremption.

 

Allez, sur ce, sortons, j'ai envie de faire une petite promenade digestive."

 

Et il les emmène dans un petit bled pas loin, à Béthanie.

 

Arrivé là, il les regarde, et dit: "Tchô, les gars, cette fois je m'en vais pour de bon.

 

Enfin, disons que je m'en vais physiquement pour de bon, mais je vous tiens à l'œil:

 

pas de conneries pour les deux mille ans qui viennent, hein, sans quoi je sévirai!"

 

Et c'est sur cette rassurante bénédiction que tout à coup, pof, il disparaît comme il était apparu:

 

évaporé, le mec, comme aspiré par un nuage qui l'aurait catapulté au ciel!

 

Un brin éberlués, les copains de Jésus mettent un moment avant de réaliser que, primo, Jésus n'est plus là;

 

deuxio, qu'ils se trouvent dans un bled perdu;

 

tertio, qu'ils feraient bien de se magner pour retourner à Jérusalem et attendre le cadeau promis.

 

Mais la poste céleste d'alors n'était pas beaucoup plus rapide que la poste terrestre de nos jours, si bien qu'ils ont quand même dû patienter 10 jours, pour savoir c'était quoi, ce cadeau en question.

 

Et ils ne seront pas déçus, cette fois…

 

Quel cadeau ? Vous le saurez une prochaine fois…


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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 19:39


C'est l'histoire de deux frères. Des frères jumeaux, même. Mais ce ne sont pas des vrais jumeaux, ils ne se ressemblent pas du tout.

 

Celui qui est sorti le premier, il est tout roux et tout velu, comme une chèvre (enfin, un bouc, vu que c'est un garçon).

 

Ceci dit, les chèvres vont jouer un grand rôle dans cette histoire…

 

Le premier, il s'appelle Esaü, mais on le surnomme Edom (ce qui veut dire le roux en hébreu).

 

L'autre, c'est Jacob. Il est tout mignon, tout doux, pas de poils partout comme son frère : lisse et doux comme une nectarine.

 

Ces deux-là, ils ont beau être jumeaux, ils ne s'entendent pas du tout, du tout. Déjà dans le ventre de leur mère, ils se chamaillaient.

 

D'ailleurs, ça a été une bagarre épique pour savoir lequel des deux sortirait en premier. Mais comme Esaü était le plus costaud, c'est lui qui a gagné.

 

Jacob, pour être certain de ne pas se paumer, tenait fermement le talon de son frère dans son poing fermé.

 

Si bien qu'ils sont arrivés avec pas grand-chose d'intervalle, un peu comme lors d'une arrivée au sprint au tour de France.

 

Mais comme il faut bien un vainqueur, c'est Esaü qui est déclaré gagnant, donc aîné. Pour l'héritage, ça comptait en ce temps-là…

 

Tout va à peu près bien durant leur enfance et leur adolescence, leurs parents, Isaac et Rebecca étant très stricts sur l'éducation.

 

Dès qu'un des deux essayait de tabasser son jumeau, paf, une calotte parentale leur tombait sur le coin du pif et leur ôtait le goût de recommencer pour un petit temps.

 

En grandissant, Esaü le roux devient un passionné de chasse : il pouvait partir la journée entière, de l'aube au crépuscule, à cavaler derrière le gibier.

 

Jacob, lui, était plutôt casanier : il préférait rester dans la tente avec sa môman chérie.

 

Parce que, évidemment, c'était le préféré de sa mère : il adorait rester près d'elle dans la cuisine, la regarder préparer à manger, et apprendre des tas de recettes délicates et très bonnes.

 

Quant à Esaü, c'était le préféré de son père, qui adorait le gibier.

 

Un jour qu'Esaü rentre de la chasse, bien tard dans la journée, le ventre creux, et passablement épuisé,

 

et bredouille en plus, ce qui le mettait de très mauvais poil (pour un poilu comme lui, c'était visible à l'œil nu)

 

il voit son frère qui, justement, venait de préparer un petit salé aux lentilles.

 

Il adore ça, Esaü, le petit salé aux lentilles, presque autant que le chevreuil aux marrons et aux champignons…

 

Il dit à Jacob : "Donne-moi de ton petit salé aux lentilles : il a l'air super-bon, et je crève de faim."

 

Jacob lui répond : "Ok, mais en échange, tu me donnes ton droit d'aînesse. Comme ça, c'est moi qui hériterai de tout à la mort du père".

 

"Tu te fous de moi?", demande Esaü qui se met déjà en pétard.

 

"C'est à prendre ou à laisser, mon vieux."

 

"Bon, de toute façon, si je ne mange rien dans la minute qui suis, je vais crever. Donc, mon droit d'aînesse, hein, à quoi il me servira? Bon, Ok, je te le vends, mais file-moi ces lentilles, et vite!"

 

Jacob lui sert donc une généreuse portion, non sans lui avoir fait signer une promesse de cessation de droit d'aînesse.

 

En prime, comme il est quand même fin gourmet, Jacob donne à son frère une jolie tranche de pain tout frais, et un pichet de Sancerre.

 

Esaü mange et boit tout ça, puis oublie complètement cette histoire de droit d'aînesse.

 

Le temps passe. Sur le coup des 40 ans, Esaü décide de se marier. Comme il avait un peu traîné, il se dit que, tant qu'à faire, autant ne pas faire les choses les choses à moitié.

 

Du coup, il épouse deux femmes en même temps (c'était permis, à l'époque).

 

Deux femmes de la même tribu, celle des Hittites.

 

Mais il reste habiter chez ses parents, avec ses deux femmes.

 

L'ambiance devient vite insupportable pour ses parents Isaac et Rebecca, avec ces deux belles-filles qui n'arrêtent pas de se chamailler et qui veulent toutes les deux diriger la maison et ses habitants.

 

Si bien qu'Isaac se met à décliner.

 

Il devient d'un coup très vieux et presque aveugle, et il sent que ses jours sont comptés.

 

(même si ce n'étaient pas ses femmes à lui, Isaac se dit que ces deux-là, elles auront abrégé sa vie d'un bon bout).

 

Et il se dit aussi qu'avant de quitter définitivement ce bas monde, il se taperait bien une dernière fois un bon morceau de gibier comme il les aime tant.

 

Il appelle donc Esaü, et lui dit : "Pfff, j'suis vieux, et je ne vais pas tarder à passer l'arme à gauche.

 

Alors, en parlant d'arme, attrape ton arc et tes flèches, et va vite me chasser du gibier, que je puisse en manger une dernière fois.

 

Après, tu le prépareras comme je l'aime, tu me l'apporteras, je le mangerai, et je te bénirai avant de mourir."

 

Esaü obtempère à son père (à sa mère, il obtem-mère, mais avec moins d'empressement), et part dans la campagne à la recherche de chevreuil.

 

Mais sa mère Rebecca avait tout entendu de la conversation.

 

Et ça la chiffonne, parce que c'est Jacob, son préféré.

 

Or, si Isaac donne la bénédiction à Esaü, celle-ci passera sous le nez de son petit préféré (les bénédictions paternelles, ça ne se donne qu'une seule fois).

 

En femme rusée (pléonasme), elle appelle son fils Jacob, et lui dit : "J'ai entendu ce que veut faire ton père : il a l'intention de donner sa bénédiction à ton frère.

 

(ce qui est dans la logique des choses, et dans la tradition, mais la logique et Rebecca, ça fait deux, et la tradition, si c'est pour préserver son fils chéri, elle s'assoit dessus).

 

Alors, écoute-moi bien, tu vas faire tout ce que je te dis sans discuter, et on va les avoir, tous les deux, ton vieux père et ton grand frère.

 

Va chercher dans le troupeau deux jolis chevreaux, tue-les et rapporte-les moi. Je les préparerai ensuite comme ton père aime le gibier.

 

De toute façon, dans son état, et avec tout le piment que je vais mettre, il ne fera pas la différence entre de la chèvre et du chevreuil.

 

Après, tu lui apporteras le plat, il mangera et te bénira avant de mourir."

 

Pas conne, la Rebecca. Jacob n'est pas emballé-emballé : tuer des chèvres, surtout des chevreaux, il n'aime pas ça du tout.

 

Tout ce sang qui gicle, ça le dégoûte. Mais bon, c'est un ordre de sa maman, il ne va pas commencer à désobéir à 40 ans passés, hein?

 

Il émet quand même une objection de principe : "Oui mais, le père, il a beau être presque aveugle, il a quand même encore des mains et un nez.

 

S'il se mettait à vouloir me toucher le bras, hein? Il se rendrait vite compte que ce n'est pas le bras de ce velu d'Esaü, j'ai pas un poil sur les bras!

 

Et il trouverait bizarre que ce cochon d'Esaü, qui se douche une fois toutes les olympiades, sente soudain mon savon à la lavande…

 

Ça ne serait pas une bénédiction, mais une malédiction, oui, que je recevrais en retour!"

 

"tkt, répond sa mère, j'ai tout prévu, même ça. Maintenant, arrête de discuter, et obéis gentiment à ta maman chérie."

 

Bon, Jacob y va, zigouille deux chevreaux nouveau-nés, bien jolis et bien tendres.

 

Ça lui fend un peu le cœur, mais si c'est pour s'assurer une bénédiction, hein, il ne va pas tomber dans une stupide sensiblerie envers un animal, quand même, ce serait trop bête.

 

Il ramène les chevreaux morts à sa mère, qui les apprête comme si c'était du chevreuil, avec des marrons et des champignons.

 

(comme elle est un peu espiègle, les champignons, c'est des trompetttes-de-la mort et des oreilles-de-judas", qu'elle met.)

 

Ensuite, elle va chercher au linge sale des vêtements d'Esaü (donc, très très sales et très très puants), et elle dit à Jacob de les enfiler.

 

Jacob a un haut-le-cœur : "Quoi, je dois mettre ces trucs cradingues?

 

Mais ils tiendraient debout tout seuls, tellement ils sont raides de crasse! Je vais me choper des poux, si je dois mettre ces saloperies sur moi!"

 

"C'est les poux, ou pas de bénédiction ni d'héritage, répond Rebecca. À toi de voir ce que tu préfères…"

 

Il est peut-être délicat, Jacob, mais il sait réfléchir : il se dit que des poux, tu peux toujours les faire partir, mais une bénédiction et un héritage, une fois qu'ils sont pour quelqu'un d'autre, va-t'en toujours essayer des les récupérer.

 

Alors bon, il enfile les vêtements tout dégueus de son frère.

 

Puis sa mère prend la peau des chevreaux, et la pose sur les bras et sur le cou de Jacob, et l'expédie chez son père avec son ragoût de pseudo-gibier et un gros bout de pain.

 

Voilà Jacob qui frappe à la port de la chambre de son père : "Toc-toc. C'est moi, papa."

 

(une phrase stupide, mais qui fera son chemin au hit-parade des phrases stupides l'humanité.)

 

"Qui moi?" répond Isaac. "Ben moi, quoi, Esaü, ton fils aîné et préféré", qu'il répond Jacob.

 

Il est tout rouge de son mensonge, mais il pense à son héritage, et ça lui enlève un peu de ses scrupules.

 

"Voilà, qu'il continue, je suis revenu de la chasse, et je t'ai préparé du chevreau… euh, du chevreuil (merde, il a failli se couper!) comme tu l'aimes.

 

Tiens, je vais t'aider à te lever, assieds-toi et mange, et après, tu me béniras.

 

(et ensuite, tu peux crever", qu'il se dit en lui-même.)

 

Isaac lui dit : "Comme tu as trouvé vite ce gibier, mon fils, je suis fier de toi, tu es vraiment un bon chasseur!"

 

"C'est ton Dieu et mon Dieu qui m'a porté chance, papa."

 

Moi, je serais Dieu, je ne serais pas ravi qu'on se serve de moi comme ça pour dire des choses pas très catholiques.

 

Mais bon, il devait avoir méchamment l'habitude, Dieu, qu'on prenne son nom en vain :

 

ce n'était ni la première fois, et ce ne sera pas la dernière, qu'on fait et dit des choses pas très catholiques en se cachant derrière son nom…

 

"Viens là plus près, mon fils, que je te touche. Tu es bien mon fils Esaü chéri, hein?"

 

Jacob s'approche, tout heureux que sa mère ait pensé au coup de la peau de chevreau sur ses bras.

 

Isaac le palpe, et semble rassuré : "Ah, ça va, c'est bien toi, mon Esaü! C'est bizarre, on aurait dit que c'était plutôt la voix de ton frère, mais tes poils ne laissent aucun doute."

 

Mais il lui reste un soupçon de doute (il est vieux, presque aveugle, mais pas complètement débile).

 

"C'est bien toi, mon fils Esaü?". "Oui, mon papounet, c'est bien moi. Tu sais bien que Jacob ressemble à une femmelette, il n'a pas de poils sur les bras (ni ailleurs, d'ailleurs)."

 

Il ment bien Jacob, je trouve, qui arrive à dire du mal de lui-même pour faire croire qu'il est son frère.

 

Bon, Isaac se met à manger, trouve le "chevreuil" très bon (un peu trop épicé, peut-être, mais les champignons sont extras, surtout les trompettes-de-la-mort).

 

Puis il dit à Esaü (enfin, il croit qu'il le dit à Esaü) :

 

"Viens là dans mes bras, mon fils, que je te bénisse. Après, je pourrai mourir."

 

Jacob s'approche, son père le prend dans ses bras. Isaac hume la bonne odeur de bouc puant qu'Esaü se trimballe depuis sa dernière douche, et il s'exclame :

 

"Oh oui, tu es bien mon fils Esaü, avec ta bonne odeur de gibier et de gars pas lavé! Pas comme cette mauviette de Jacob, qui sent la lavande pire qu'une nana qui va à un rendez-vous d'amour!"

 

Et il le bénit d'une bénédiction des plus grandioses.

 

A peine Isaac a fini de bénir Jacob, que voilà enfin Esaü qui rentre de la chasse, ignorant tout de ce qui vient de se passer.

 

Esaü se met à préparer un plat de gibier (du vrai, celui-là) pour son père, et va le lui apporter.

 

En entrant, il dit : "Tiens, papounet, lève-toi, mange de mon bon gibier, puis après, bénis-moi."

 

Isaac se dit qu'il a comme une impression de déjà-vécu. Seraient-ce les prémisses du début de la fin?

 

Il dit : "Qui es-tu, mon fils?"

 

"Ben, c'est moi, Esaü! Je rentre de la chasse, et je t'ai fait un bon ragoût de chevreuil, comme tu avais demandé!"

 

Il se dit que son père devient gaga, et qu'il est temps qu'il lui file sa bénédiction, sans quoi le vieux va mourir sans la lui avoir donnée.

 

"Attends, c'est quoi, ces histoires?, explose Isaac. C'est qui alors, qui, il n'y a pas 10 minutes, m'a servi un plat de gibier en prétendant l'avoir tué à la chasse?

 

J'ai tout mangé, puis je l'ai béni. J'ai la vague impression que je me suis fait avoir, sur ce coup-là…"

 

Quand il entend ça, Esaü est dans tous ses états : il plonge littéralement sur son père, et lui hurle :

 

"Hé, bénis-moi aussi! C'est quand même pas de ma faute si ce crétin de Jacob t'a fait une entourloupe!"

 

(Esaü a utilisé une expression nettement plus vulgaire, que la décence nous interdit de reproduire ici).

 

"Ah ben non, désolé, je ne peux pas : une bénédiction, c'est unique.

 

J'ai béni ton frère (il l'a eue à l'arrache soit, mais il l'a eue), maintenant, c'est too late pour toi, mon pauvre…"

 

Esaü est vert de rage, rouge de honte, blanc de colère, bref, c'est un arc-en-ciel à lui tout seul, à cause du coup-fourré que vient de lui faire son frère.

 

Il se dit : dès que mon père est mort, je tue mon frère. Je le ferais bien avant, mais ça tuerait mon père si je tuais mon frère avant qu'il meure (mon père, hein, pas mon frère).

 

Bref, il a des raisonnements un peu tordus, mais il est bien décidé à passer à l'action.

 

Reste à savoir comment.

 

Laissons-le réfléchir tranquillement. On verra une autre fois comment il parvient à ses fins (ou pas).

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 21:00

Un jour, Jésus et sa bande de copains se retrouvent en pays étranger, en Samarie.

 

Or, les juifs et les Samaritains se détestent cordialement (un peu comme les israéliens et palestiniens de nos jours).

 

Pourtant, ils ont beaucoup de choses en commun : le même Dieu, un même bout de Bible (celui des Samaritains était plus petit que celui des juifs),

 

une même attente d'un Messie qui viendrait apporter le royaume de Dieu sur terre, etc.

 

Mais bon, qu'est-ce que vous voulez, ils ne s'aiment pas, c'est comme ça.

 

Donc, voilà Jésus et ses potes en Samarie, à Sychar, pour être précis (ne me demandez pas où c'est, je n'en sais rien).

 

Jésus, fatigué, s'arrête au bord d'un puits. Le puits que le vieux Jacob, ça fait des lustres, avait creusé.

 

Il dit à ses disciples : "Pfffff, les gars, j'suis crevé, et j'ai faim! Si vous alliez acheter quelque chose à manger au village, pendant que je me repose un peu ?"

 

"Ben, c'est qu'on est fatigués, nous aussi, répondent les disciples".

 

"Oui, mais moi, je suis le maître, et vous les disciples!

 

Alors, allez, zou, pas de discussion : je sais qu'il y a un MacDo à Sychar. Rapportez-moi un Big Mac double ketchup et oignon, et une grande frite! J'attends, magnez-vous."

 

Les disciples n'ont pas trop le choix, et ils s'en vont d'autant plus volontiers qu'un Big Mac et un Coca, ça fait des années qu'ils n'en ont plus mangé

 

(MacDo n'avait pas encore ouvert de succursale en Israël).

 

Et puis, comme c'était près de midi…

 

Ils laissent donc Jésus là, près du puits, en plein soleil (sans chapeau sauf sa kippa et sans crème solaire, les andouilles!).

 

Arrive une femme, une Samaritaine donc, la cruche sur l'épaule, pour aller puiser de l'eau.

 

Jésus lui dit : "Donne-moi à boire."

 

La Samaritaine, en voyant la kippa, répond : "Mais tu es juif! Et t'oses demander de l'eau à moi, une Samaritaine! T'es un rien gonflé, mon gars!"

 

Jésus répond : "Si tu connaissais celui qui te demande à boire, c'est plutôt toi qui lui demanderais à boire!"

 

La femme se dit : "Ce mec est fou! Ou alors, c'est le soleil, il s'est chopé une insolation. Quelle idée, aussi, de rester nu-tête

 

(avec la kippa, ok, mais ça protège moins que la chéchia), et sans crème solaire!"

 

Elle lui répond : "Tu n'as même pas de seau, et le puits est profond. Comment tu veux me donner à boire, hein? T'es sûr que tu vas bien?

 

Ce puits, c'est notre ancêtre Jacob qui nous l'a donné, et il y a bu, et sa famille aussi, et ses bêtes aussi. Mais pour choper l'eau, il a quand même utilisé un seau.

 

Tu ne te croirais pas plus grand et plus malin que Jacob, par hasard?"

 

Jésus lui dit : "Celui qui boira encore de l'eau de ce puits aura de nouveau soif.

 

Mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif : ce sera une eau d'une source éternelle."

 

La femme se dit que, décidément, ce juif est fou. Comme il ne faut jamais contrarier les fous, elle entre dans son jeu :

 

"Ben alors, donne-m'en de cette eau, que je n'aie plus à venir tous les jours en puiser ici"

 

(elle ne savait pas encore qu'on vendait des bouteilles de Contrex par paquets de six à Carrefour).

 

Là-dessus, Jésus lui dit : "Va chercher ton mari".

 

La femme pense que c'est pour porter ces hectolitres d'eau vive que lui promet Jésus.

 

Elle dit : "Ben, il y a juste un petit problème : j'ai pas de mari."

 

"Tu as raison, dit Jésus : tu as déjà eu cinq maris, et l'homme avec qui tu es en ce moment n'est pas ton mari."

 

Là, la femme, elle en reste quand même vachement baba : comment ce mec, un étranger, un juif, a pu savoir qu'elle a eu cinq maris, et qu'elle vit en concubinage avec un sixième homme?

 

Alors, elle dit à Jésus : "Tu m'as tout l'air d'être un prophète, toi!

 

D'ailleurs, en parlant de prophète : on sait bien, nous, les Samaritains, qu'un Messie doit venir, un type qui s'appelle Christ.

 

Et quand il viendra, il nous expliquera tout bien sur la religion et comment aimer Dieu vraiment comme il faut."

 

Jésus lui répond : "Je le suis, moi qui te parle."

 

À ce moment, voilà les disciples qui reviennent du MacDo, et qui voient Jésus en grande conversation avec cette femme.

 

Ils ont un peu étonnés : c'est pas normal qu'un homme juif parle à une femme samaritaine.

 

Mais ils n'osent pas lui demander : "Qu'est-ce que tu lui as dit ? Pourquoi tu lui as parlé ?"

 

La femme, qui se dit que, en effet, Jésus et elle n'auraient jamais dû se causer, plante là sa cruche, et file au village.

 

Elle se met à dire à tout le monde : "Eh, j'ai rencontré un gars, là, au puits, il est bizarre, mais il m'a quand même dit des tas de choses sur moi, comme s'il me connaissait!

 

Si ça se trouve, c'est peut-être le Messie qu'on attend!"

 

Alors, tout le monde se rue au puits.

 

Pendant ce temps, les disciples déballent leurs hamburgers, tendent le sien à Jésus, et lui disent : "Allez, mange vite, ça va être froid!"

 

Mais Jésus répond : "Non, merci, les gars, plus faim. Et puis, j'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas."

 

Les disciples se disent : "Quelqu'un lui aurait donné à manger quelque chose de meilleur qu'un Big Mac? Impossible! Y'a pas meilleur!"

 

Mais Jésus leur répond : "Laissez tomber, les gars, c'est une image. En réalité, ce hamburger ne me dit plus rien."

 

Moralité : quand tu vas chercher un hamburger au MacDo pour un pote, assure-toi qu'il n'y a pas une femme qui traîne dans les parages : elle le fera changer d'avis!

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 20:56

Dieu, qui s'ennuyait un peu sur son nuage, s'était un jour décidé à s'acheter une télé, histoire de tuer le temps.

 

Et aussi un peu pour surveiller sa collection de pokémons, en regardant le JT.

 

Voilà t'y pas qu'il apprend, aux infos de 20h, qu'il se passe des choses pas très catholiques (ni très protestantes, ni très juives, ni très musulmanes d'ailleurs) à Sodome et à Gomorrhe…

 

Les hommes de Sodome sont des vicieux, qui de plus ont des problèmes d'orientation, et se trompent régulièrement d'entrée (d'où l'adjectif "sodomites") ;

 

Quant à ceux de Gomorrhe, ils papillonnent tellement d'un coin à l'autre qu'ils se sont tous chopé une mst

 

(une gonorrhée, le "m" de Gomorrhe étant devenu "n" par la faute d'un scribe étourdi et atteint dudit mal…).

 

Un peu inquiet quand même, Dieu attrape son téléphone portable, et appelle son copain Abraham :

 

"Dis donc, Abraham, c'est vrai, ce que j'ai entendu à la télé au sujet de Sodome et Gomorrhe ?"

 

Prudent, Abraham répond évasivement : "Euh, chai pas, on entend tant de choses, à la télé…"

 

"On dit qu'ils mènent une vie dissolue, que c'est un vrai lupanar, que les partouzes se suivent sans interruption, que les hommes vont avec les hommes, les femmes avec les femmes,

 

et les hommes avec les femmes, ce qui ne me dérange pas fondamentalement, après tout, je les ai créés pour ça,

 

mais que les hommes aillent avec plusieurs femmes à la fois, je trouve ça un peu choquant.

 

(Dieu a de ces pudeurs, parfois…)

 

Il faut que je descende sur terre pour me rendre compte si c'est aussi grave qu'ils le disent à la télé. Nom de moi, je veux en avoir le cœur net!"

 

Abraham se dit que les ennuis commencent : quand Dieu décide de descendre de son nuage, c'est jamais bon signe…

 

Mais quoi, le grand patron, c'est lui, alors, Abraham, qu'est-ce que vous voulez qu'il dise ?

 

"OK, fais comme tu veux. Mais passe prendre l'apéro chez moi avant, j'ai un pastis bien frais comme tu les aimes."

 

Dieu, qui aime bien le pastis, surtout avec quelques petits toasts à la tapenade

 

(ça ouvre bien l'appétit pour les côtelettes d'agneau que Sarah apprête ma foi très bien), vient donc chez Abraham.

 

Pendant qu'ils sirotaient leur pastis, tout en grignotant quelques toasts, et aussi de la fougasse de Sarah

 

(ah, la fougasse de Sarah, Dieu adorait ça, il s'en serait relevé la nuit pour en goûter encore !),

 

Abraham dit à Dieu : "C'est pas sérieux, ton idée, de détruire Sodome et Gomorrhe, quand même ?"

 

"Si, répond Dieu, tout ce qu'il y a de plus sérieux.

 

D'autant plus qu'il y a longtemps que je n'ai plus rien détruit. Je ne vais pas dire que ça remonte au Déluge, mais pas loin. Et ça me manque un peu…"

 

"Oui mais, bon, dit Abraham, tu ne vas tout de même pas faire mourir le juste avec le coupable ?"

 

Il disait ça, parce qu'il avait un peu la pétoche, des fois que Dieu aurait l'idée de détruire à nouveau l'humanité entière, comme pour le Déluge.

 

Il avait peut-être des vieux os, Abraham, mais il y tenait.

 

"Peut-être, reprend Abraham, qu'il y 50 justes à Sodome… Tu les sacrifierais à cause des coupables ? Tu détruirais cette ville sans avoir pitié de ces 50 justes ?

 

Ce serait abominable que tu agisses ainsi ! C'est toi le juge du monde, et tu agirais avec injustice ? J'ose pas y croire !"

 

Dieu réfléchit : il a la réputation d'être un Dieu sévère, mais miséricordieux… Et ce que dit Abraham l'énerve un peu : il sent que sa réputation risque d'en prendre un coup.

 

"OK, dit Dieu, si je trouve 50 justes dans la ville, je ne la détruirai pas, promis."

 

Abraham, qui sait bien que trouver 50 justes à Sodome, c'est mission impossible, reprend :

 

"Oui, mais admettons que tu n'en trouves pas 50, mais seulement 45. Tu la détruirais quand même ?"

 

"Bon, va pour 45, dit Dieu. Si j'en trouve 45, je ne la détruirai pas."

 

Abraham continue à pousser le bouchon un peu plus loin (tout en resservant un pastis à son pote Dieu) :

 

"Peut-être que 45, ça va être un peu dur à trouver. Mais peut-être que 40, c'est faisable…"

 

"Bon, vendu à 40, dit Dieu. Fameux, ce pastis, entre parenthèses."

 

"Je t'en donnerai une bouteille pour quand tu remonteras sur ton nuage, promet Abraham, si tu me dis que pour 30 justes que tu trouves, tu ne détruiras pas la ville."

 

Dieu se dit qu'une bouteille de pastis, sur son nuage, les soirs d'été, ça serait sympa. Alors il est d'accord pour 30.

 

Abraham ajoute : "Et si en plus, je te donne de la fougasse de Sarah et de la tapenade, pour 20 justes, tu es d'accord de l'épargner ?"

 

Ça tombe bien, Dieu se disait justement que le pastis tout seul, ça faisait un peu alcoolo.

 

"Bon, OK, 20 justes, et je remonte sans rien détruire (en essayant seulement de ne pas me casser le g**** avec tout ce que j'ai déjà sifflé comme pastis)."

 

"Ecoute, tant qu'à faire, 20, comme chiffre, c'est pas terrible, dit Abraham : disons plutôt 10, c'est symbolique, comme les 10 commandements, quoi."

 

"Ah, si c'est symbol'hic, dit Dieu OK pour 10." De toute façon, à ce moment, il voyait déjà double, alors, ça faisait quand même 20 dans sa tête.

 

Ensuite, un peu vacillant, Dieu remonte sur son nuage, non sans avoir emporté un doggy-bag contenant 2 litres de pastis, un gros pot de tapenade, une belle fougasse, et en prime, une côtelette d'agneau bien tendre.

 

Mais comme, une fois dégrisé, il n'a pas trouvé 10 justes dans Sodome, il l'a quand même détruite (il est taquin, ce Dieu, quand il s'y met…).

 

Et en prime, il a changé la femme de Loth en statue de sel.

 

Du coup, il a laissé tomber le pastis, pour se tourner vers la tequila…

 

Voilà, c'est tout pour cette fois.

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 20:31

 Loth, le neveu d'Abraham, habitait la ville de Sodome, notablement illustre pour ses mœurs incertaines.

 

Un soir que Loth prenait le frais à la porte de la ville, il voit arriver deux anges. Mais comme souvent dans la Bible, les anges aiment bien passer incognito, et Loth ne les reconnaît pas.

 

Mais il est curieux : c'est qui ces deux types qui arrivent comme ça le soir, presqu'à la nuit, dans ce haut-lieu de perversion ?

 

Il va donc à leur rencontre ; comme il a un sens aigu de l'hospitalité, et aussi sûrement envie de faire la causette avec d'autres personnes que ses habituels copains de bistrot,

 

il les salue en disant : "Je vous prie, messieurs, passez donc chez moi, entrez dans ma maison, faites un brin de toilette

 

(ils étaient plutôt crados, les anges, et ils puaient le bouc à trois mètres)

 

Et, tant qu'à faire, restez loger chez moi : vous continuerez votre route demain matin."

 

Mais les deux anges refusent : "Non, non, merci, on préfère passer la nuit à la belle étoile à l'extérieur de la ville."

 

Pas fous, les mecs : ils avaient entendu plein de choses pas très jolies sur les sodomites, et ils tenaient à assurer leurs arrières.

 

Mais Loth insiste tellement qu'ils finissent par accepter : "Bon, si ça peut te faire plaisir. Mais attention, hein, nous, on est des anges! Donc, question sexualité, pas de choses que la morale réprouve!"

 

Je dirais même pas de choses du tout : les anges, c'est bien connu, n'ont pas de sexe.

 

Quoique… Mais bref, passons.

 

La trio arrive à la maison de Loth, qui leur prépare un bon repas, que, ma foi, les anges mangent de bon appétit.

 

Ça n'a peut-être pas de sexe, un ange, mais un estomac, ça, sans aucun doute, à les voir bâfrer comme des affamés!

 

Un peu fatigués et bien repus, ils vont se coucher dans la chambre d'amis.

 

Ils sont à peine au lit qu'ils entendent un raffût de tous les diables en provenance de l'extérieur.

 

Tous les habitants de Sodome, tous sans exception, du plus jeune au plus vieux, cernaient la maison de Loth.

 

Ils appellent Loth, et lui demandent : "Où sont les deux types qui sont entrés chez toi ce soir? Fais-les sortir, pour que nous leur fassions leur fête.

 

Ils sont mignons comme tout, avec leur gueule d'ange, ça nous changera des brutes d'ici."

 

Loth sort de sa maison, referme soigneusement la porte derrière lui, et répond aux sodomites : "Ah ça, pas question, les gars!

 

Ces deux hommes sont mes invités, vous ne ferez pas de cochonneries avec eux!

 

Par contre, j'ai deux filles vierges, je veux bien les faire sortir, et vous en ferez ce que vous voudrez. Mais ne touchez pas à ces hommes, ce sont mes invités, et les invités, c'est sacré!"

 

(plus sacré que ses deux filles vierges, apparemment)

 

Mais les sodomites lui disent d'un air dégoûté : "Berk, des filles, et quoi encore? Tire-toi de là!

 

Il se prend pour qui, Môsieur l'étranger, qui a débarqué il n'y a pas si longtemps et qui veut jouer les redresseurs de torts?"

 

Et ils poussent violemment Loth sur le côté, et essaient d'enfoncer la porte.

 

Heureusement, les anges attrapent Loth par la chemise de nuit, et le hissent par la fenêtre de la cuisine.

 

Et comme c'est des anges, et qu'ils ont quand même quelques petits pouvoirs surnaturels, ils jettent un sort sur les sodomites, qui se retrouvent tous aveugles.

 

Héhé, plus moyen de trouver la porte de la maison! Ouf, sauvés, Loth, les deux anges et même les deux filles vierges.

 

Les anges disent alors à Loth : "Qui y a-t-il d'autre de ta famille, dans cette maison ?

 

Ta femme, tes filles, tes beaux-fils? Fais immédiatement sortir tout ce petit monde de la ville, parce que Dieu nous a envoyés pour la détruire.

 

Il n'en peut plus, Dieu, tu comprends, de cette perversion."

 

"Ça y est, se dit Loth, voilà Dieu qui va refaire le même coup que pour le déluge et la tour de Babel : table rase, kärcher et compagnie!"

 

Loth rassemble donc sa famille, et leur dit : "C'est le moment de plier bagages, mes amis : Dieu va détruire cette ville."

 

Mais comme Loth sent un peu le vin après son souper avec les anges, tout le monde croit qu'il est pompette, et qu'il plaisante.

 

Au lever du jour, les anges insistent auprès de Loth : "Allez, grouille, prends ta famille et file vite loin d'ici, sans quoi tu vas mourir aussi, espèce d'andouille!"

 

"Bon, bon, OK, dit Loth. Mais il s'empresse plutôt mollement, prend son temps. Sa femme aussi, elle prend son temps :

 

déjà, rien que pour empaqueter ses robes, ses bijoux et ses affaires de maquillage, ça prend un temps pas possible.

 

Comme ils voient que les choses lambinent, les deux anges chopent Loth et sa famille par la main, et les traînent littéralement hors de la ville.

 

Arrivés à l'extérieur de la ville, les anges disent à Loth : "Nous, on doit rester ici, vu qu'on est les anges exterminateurs.

 

"Mais toi, sauve-toi en vitesse, ta vie en dépend.

 

Et surtout, surtout, défense ABSOLUE de te retourner et de regarder en arrière : c'est pas joli-joli, ce qu'on va faire.

 

Ne t'arrête nulle part dans toute la province, et va le plus vite possible de mettre à l'abri dans les montagnes. Et on ne rigole pas : tu es en danger de mort!"

 

Loth regarde devant lui : pfff, elle est vachement loin, cette montagne! Et puis, c'est un coin perdu, pas même un bistrot en vue.

 

Alors il dit aux anges : "les gars, je vois que vous êtes sympas, et que vous m'avez à la bonne.

 

Alors, vous ne pourriez pas plutôt me laisser aller dans cette ville, là-bas, pas trop loin, mais pas trop près quand même?"

 

Les deux anges lui disent :"Bon OK, tu peux aller te réfugier là-bas. On ne fera rien à cette ville-là. Mais de grâce, maintenant, dépêche-toi!

 

On n'a pas que ça à foutre non plus, nous, faut qu'on soit de retour ce soir chez Dieu."

 

Donc, voilà Loth en route pour la ville-refuge, et il y arrive le lendemain matin.

 

Bizarrement, toutefois, cette ville s'appelle Çoar (prononcez "Soir"), allez savoir pourquoi…

 

Quant à Dieu, avec l'aide de ses anges, il fait tomber sur Sodome (et aussi sur Gomorrhe, mais ça, c'est juste une erreur de précision dans le tir) une pluie de soufre et de feu.

 

Ça venait du ciel, mais on aurait dit que ça venait de partout (donc de Dieu, puisque Dieu est partout).

 

Tout fut détruit : les deux villes, les habitants, et même la végétation.

 

Malgré les strictes consignes que les anges avaient données à Loth, et malgré que celui-ci les avaient répétées avec tout autant de vigueur :

 

"Interdiction formelle à quiconque de se retourner",

 

Il arriva ce qu'il devait arriver :

 

voilà que la femme de Loth, quand même fort intriguée par le bruit de cette destruction, résiste de plus en plus mal à la tentation de jeter rien qu'un petit coup d'œil par-dessus son épaule.

 

Elle essaie bien de se retenir, mais, au bout d'un moment, elle n'en peut plus de curiosité : elle se retourne et regarde en arrière.

 

Aussitôt, paf!, la voilà changée en statue de sel!

 

"C'est malin, se dit Loth : j'ai peut-être de quoi saler mes frites pour le restant de mes jours, mais j'ai plus de femme.

 

Il va falloir que je trouve une solution de remplacement, parce que, même si j'aime bien du sel sur mes frites, j'ai quand même aussi besoin d'une femme."

 

Nous verrons prochainement comment ce malin de Loth va se débrouiller face à cette pénurie de femme…

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 20:32

Un jour qu'Abraham était tranquillement assis devant sa tente, au lieu-dit "Les chênes de Mamré", à rêvasser sur sa destinée et sa descendance qui se faisait toujours attendre,

 

voilà que Dieu lui apparaît. La Bible est très laconique à ce sujet : comment, pourquoi? On n'en sait rien. Peut-être qu'Abraham a tout rêvé, après tout.

 

Quoique : une preuve tangible ne tardera pas à se manifester, quelques neuf mois plus tard…

 

Toujours est-il que ce jour-là, en plein midi, Abraham aurait peut-être mieux fait de rester à l'ombre de sa tente ou des chênes.

 

"J'ai peut-être eu une insolation, qu'il se dira après coup, pour vivre des histoires pareilles".

 

Car il voit tout à coup, déboulant de nulle part, trois mecs debout devant lui.

 

D'où ils sortent, ces trois gaillards? Abraham et Sarah vivent au fin fond de nulle part, dans un endroit encore plus désert que le désert, sans autoroute, sans hôtel, sans réseau téléphonique…

 

Qui a bien pu guider ces gugusses jusque chez eux?

 

Bien sûr, c'était Dieu, le super-gps des envoyés divins, mais ça, le cerveau un peu ramolli d'Abraham, pour cause de canicule, ne l'avait pas capté…

 

N'empêche qu'Abraham a des manières, et, quand il voit arriver ces trois hommes, il se précipite à leur rencontre (pas trop vite quand même, à son âge, faut se ménager).

 

Il leur dit "Monseigneur, bonjour!" (il dit "Monseigneur" comme s'il n'y en avait qu'un, parce qu'il n'est pas du tout certain qu'il ne voit pas double ou triple, à cause de la chaleur…).

 

Ne reste donc pas là en pleine chaleur de midi, ça tape dur sur le crâne!"

 

Il crie à ses serviteurs : "Amenez de l'eau pour leur laver les pieds, pas qu'ils entrent dans ma tente toute propre avec leurs panards tout dégueulasses, on vient de faire le ménage."

 

D'ailleurs, dans le fond, n'entrez pas, il fait étouffant sous cette tente, restez plutôt dehors sous les arbres, c'est plus frais.

 

Je fais amener le pastis, et quand vous serez reposés, on pourrait se faire une petite pétanque, hein?"

 

Parce que ça lui manque, la pétanque, à Abraham : il a bien encore les boules, mais Sarah ne sait plus comment les utiliser…

 

"Et je vais aussi vous faire apporter un peu de fougasse, elle vient d'être cuite, elle est dorée, croustillante et moelleuse, vous allez m'en dire des nouvelles."

 

"OK, fais comme tu l'as dit", répondent les trois hommes.

 

Abraham court à la tente, et dit à Sarah : "j'ai promis à ces trois mecs de leur faire goûter ta fougasse, alors, grouille-toi : prends de la farine, de la bonne huile d'olive, et prépare-nous ta fougasse. C'est qu'ils ont faim, ces gars."

 

"Oui, oui, j'y vais", dit Sarah. Elle n'aime pas trop être bousculée, mais d'un autre côté, sa fougasse, elle sait que certains s'en relèveraient la nuit pour y regoûter. Donc elle est assez fière de sa fougasse…

 

Mais Abraham se dit qu'une fougasse toute nue, c'est un peu short, et qu'il faudrait voir à l'agrémenter.

 

Si bien qu'il cavale chez son boucher et choisit un morceau de veau bien tendre, en lui demandant de le cuire en roast-beef bien juteux.

 

Puis il va chercher son pastis

 

(en fait, la Bible parle de lait caillé, mais c'est une traduction fautive : il s'agit en réalité d'anisette troublée d'un rien d'eau et de quelques glaçons. La faute à la ressemblance du point de vue de la couleur, sûrement).

 

Abraham apporte tout ça, et les trois hommes se mettent à manger, en remerciant bien poliment, et en complimentant Abraham pour la bonne fougasse de sa femme.

 

"Tiens, au fait, dit un des trois, elle est où, ta femme Sarah?"

 

Là, Abraham commence à se dire qu'il y a quelque chose de louche, avec ces trois gars : comment ils savent que sa femme s'appelle Sarah? Il ne l'appelle que "femme", sauf dans l'intimité…

 

"Ben, là, sous la tente", répond Abraham.

 

Un des trois continue : "Je vais revenir au printemps, et, à ce moment-là, ta femme Sarah aura un fils."

 

Moi, je serais Abraham, je me méfierais vachement de ce type : Dieu sait ce qu'il a fait avec Sarah du temps qu'il allait chez le boucher…

 

Sarah, elle, comme toute femme qui se respecte, espionnait la conversation, planquée derrière le rideau d'entrée de la tente.

 

Abraham et elle étaient déjà archi-vieux, et elle, ça faisait déjà quelques années que les affaires de femmes, on n'en parlait plus. Pas de risque de marmot, donc.

 

Sarah se met donc à rire, et à se dire : "Je suis plus usée qu'une vieille blague de comptoir de bistrot, comment je pourrais encore jouir des fruits de l'amour?

 

D'autant plus qu'Abraham, hein, à son âge, n'a plus la vigueur de sa jeunesse, quand on s'est connus."

 

(tout étant relatif, puisque Abraham et Sarah se sont connus sur le tard, sur le très tard même).

 

Entendant cela, Dieu, par la bouche d'un des trois hommes, dit : "Eh dis donc, pourquoi elle rit, cette chèvre de Sarah? Pourquoi elle se demande comment elle pourrait tomber enceinte, à son âge?

 

Elle n'a pas encore compris que Dieu peut tout, même lui coller un polichinelle dans le tiroir à son âge? Promis-juré, comme je te l'ai dit, la prochaine fois que je reviens, son marmot, elle l'aura!"

 

Sarah a quand même un peu peur : "Non, j'ai pas ri".

 

"Si, tu as ri", répond l'autre. Mais qui rira bien, etc.

 

Là-dessus, voilà nos trois hommes qui se lèvent :

 

"Bon, Abraham, c'est pas tout ça, mais nous, on a encore du boulot, faut qu'on y aille."

 

Et comme c'est quand même des envoyés de Dieu, ils remercient bien poliment pour l'accueil chaleureux

 

(surtout celui qui a été retrouver Sarah dans la tente pendant qu'Abraham était chez le boucher).

 

Et ils re-promettent de revenir l'an prochain.

 

Abraham, qui ne veut pas être en reste de politesse, les raccompagne un bout de chemin, jusqu'à ce que la ville de Sodome leur apparaisse au loin.

 

Dieu se dit : "C'est peut-être le moment que je dévoile à mon pote Abraham mes plans pour Sodome. J'ai en effet de grands projets urbanistiques pour Sodome : tout raser, et peut-être, tout reconstruire."

 

Mais c'était seulement "peut-être". Un certain Haussmann, lui, est passé du "peut-être" à la mise en œuvre de la reconstruction.

 

De même qu'un certain Frêche, mais il aurait aussi bien pu s'abstenir…

 

Dans un prochain épisode, nous verrons comment Abraham tente de négocier avec Dieu pour éviter la destruction de Sodome. Dommage qu'il n'ait pas été là pour tenter de persuader certains architectes contemporains de renoncer à leurs projets urbanistiques parfois douteux…

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 10:02

 

Suite à de troubles conflits familiaux que nous n'allons pas développer maintenant, Joseph l'Hébreu est vendu comme esclave aux Egyptiens.

 

Il est acheté par un dignitaire de Pharaon, le commandant de la garde royale, qui s'appelait Potiphar.

 

Très vite, Joseph se révèle un esclave extrêmement efficace, malin comme un singe, débrouillard, et pas difficile question nourriture :

 

une galette de mil, quelques fèves et deux ou trois oignons, un pichet de bière d'orge, et notre Joseph était content.

 

Tout ce que Joseph faisait réussissait : l'évier bouché? Joseph le débouchait en rien qu'en soufflant dans le siphon. La télé en panne? Il la réparait à temps pour voir le match de foot Egypte-Assyrie.

 

Potiphar avait un petit creux? Joseph savait comme personne lui préparer une côtelette d'agneau bien tendre, bien juteuse.

 

Potiphar avait la gueule de bois? Joseph connaissait les remèdes qui le remettaient sur pied, prêt pour se payer une nouvelle cuite.

 

Tout ça, c'était parce que Dieu était avec Joseph, mais ça, Potiphar ne le savait pas, lui, et Joseph se gardait bien de lui révéler son secret…

 

De fil en aiguille (parce que Joseph était aussi pas mal doué pour la couture, et qu'il confectionnait de jolies tuniques brodées, très mode, pour son maître et la femme de son maître),

 

De fil en aiguille, donc, Joseph a l'entière confiance de Potiphar, si bien que ce dernier le nomme chef de tous les esclaves de sa maison, et gérant de toute sa fortune.

 

À partir de ce moment-là, les affaires de Potiphar, qui étaient déjà plutôt bonnes, se mirent à devenir très bonnes, très très bonnes, excellentes même:

 

Tout prospérait, les champs avaient un rendement 5 fois supérieur à ceux de tous les autres propriétaires terriens

 

Faut dire que Joseph ne se contentait pas de semer et récolter, il mettait aussi un bon paquet de phosphate et de nitrates sur les champs, et qu'avec lui, les pesticides, ça y allait! Du pas bio avant l'heure, quoi.

 

Sur le compte en banque de Potiphar, les sous faisaient des petits, car Joseph, au lieu de se fier à la publicité tapageuse de la Caisse d'épargne avec son rendement à 3,5% avait plutôt investi dans l'armement,

 

un secteur toujours prospère qui rapportait facile du 12 ou 13%.

 

Mais attention, hein, pas n'importe quel armement, il avait de la moralité et une certaine éthique, Joseph :

 

rien que des usines qui produisaient des armes pour l'Égypte, pas celles qui en vendaient aux ennemis de l'Égypte.

 

Et que des armes propres, qui tuent vite, sans faire souffrir les gens, faut rester humain, quand même…

 

Quand Potiphar se rend compte que, grâce à Joseph, les dollars s'accumulent dans son porte-monnaie, il lui confie toute la gestion de sa fortune, et ne s'occupe de rien d'autre que manger et de boire

 

(le plus possible des deux, d'ailleurs, la vie est si courte, il faut en profiter). C'était un épicurien avant la lettre, quoi, Potiphar.

 

La vie était belle pour Potiphar, donc, sauf que Joseph était beau, très beau même.

 

Et ça, la femme de Potiphar (dont la Bible ne donne pas le nom, la Bible a assez tendance à oublier de dire le nom des femmes, c'est dommage, je trouve) s'en rend aussi très vite compte.

 

Si bien qu'un jour, elle dit comme ça, tout net, à Joseph : "Couche avec moi".

 

A sa décharge, il faut dire que Potiphar, en tant que commandant de la garde royale de Pharaon, avait été fait eunuque.

 

C'est-à-dire qu'il avait été castré. À l'époque, les Pharaons prenaient bien soin de castrer tous les mâles de leur entourage, histoire d'éviter toute concurrence.

 

Donc, madame Potiphar, pour ce qui était des devoirs conjugaux, ben, elle n'était pas vraiment gâtée…

 

Mais quand elle fait cette proposition à Joseph, celui-ci, indigné (et peut-être aussi parce que madame Potiphar, dans le fond, c'était pas une beauté), lui répond :

 

"Pas question de ça entre nous, chère madame! Regarde ton mari, depuis que je suis là, il n'a rien d'autre à foutre que manger, boire, et compter sa fortune qui s'agrandit chaque jour.

 

En fait, dans cette maison, c'est moi le maître de tout, je règne sur tout, j'ai le droit de diriger tout, je peux toucher à tout, mais pas à toi.

 

Donc, comme Potiphar, il est plutôt sympa avec moi, je ne veux pas lui piquer sa femme. Donc, c'est non".

 

Pendant des semaines et des mois, madame Potiphar essaie de faire changer d'avis à Joseph, et lui propose régulièrement, surtout quand Potiphar cuve sa cuite de la veille, de coucher avec elle.

 

Mais Joseph, imperturbable : "non, merci, chère madame".

 

"Mais Joseph, tu es tellement beau, j'ai tellement envie que tu me tiennes dans tes bras puissants, j'ai tellement envie de caresser tes cheveux frisés et ton torse musclé"

 

(la décence nous interdit ici de reproduire l'intégralité des propos de madame Potiphar concernant ses envies tactiles sur la personne de Joseph, mais vous voyez ce que je veux dire…)

 

Pas de bol pour Joseph, un jour, il vient chez Potiphar pour régler une affaire de sous, et personne à la maison :

 

Potiphar, qui trouvait qu'il avait quand même pris un peu trop de poids depuis que Joseph faisait tout le boulot à sa place, avait décidé d'aller à la chasse au lion dans le désert.

 

Il avait emmené tous ses esclaves hommes avec lui, pour servir de rabatteurs.

 

Quant aux esclaves femelles, elles étaient toutes parties à une réunion Tupperware.

 

Bref, personne à la maison, sauf madame Potiphar.

 

Qui bien sûr, saute sur l'occasion, et surtout sur Joseph.

 

Elle agrippe Joseph par la tunique, pour le traîner dans sa chambre, en répétant pour la centième fois : "Couche avec moi!".

 

Mais Joseph se dégage si violemment qu'il en perd sa tunique, et s'enfuit en slip pour échapper aux appétits de madame Potiphar.

 

Quand madame Potiphar se rend compte que Joseph, une fois de plus, lui a échappé, elle se met dans une colère noire :

 

"Salaud, salaud, salaud! Ah, Môsieur Joseph ne veut pas coucher avec moi? Tu te crois trop bien pour moi, c'est ça? C'est quoi, ça, ce foutu esclave qui refuse de m'obéir. Il se prend pour qui, ce type?"

 

Mais quand elle se rend compte que la tunique de Joseph lui est restée dans les mains, il germe dans son esprit de femme éconduite une idée qui lui plaît assez.

 

Elle appelle un des domestiques qui était revenu de la partie de chasse plus tôt que les autres, parce qu'il fallait bien que quelqu'un prépare le souper,

 

Et elle dit : "Regarde : cet Hébreu de Joseph, ce qu'il a fait! Il se fout de nous, de ton maître, de mon mari, et de ma fidélité conjugale!

 

Il a profité qu'il n'y avait personne à la maison pour essayer de me violer! Mais je ne me suis pas laissé faire, hein, et j'ai crié, crié, Aline, pour que la servante revienne.

 

Quand il a entendu ça, il a pris peur, et il s'est enfui.

 

Sauf qu'il s'était déjà mis tout nu, et que dans sa fuite, il a oublié sa tunique. Tiens, la voilà, si c'est pas une preuve, ça, c'est encore mieux qu'un test ADN."

 

La bonne foi personnifiée, quoi.

 

Quand Potiphar revient, et qu'il entend la version de sa femme, il est hors de lui :

 

"Le cochon, l'ingrat! Dire que je lui faisais toute confiance, que je me reposais entièrement sur lui. Il était presque comme un frère pour moi, je le considérais comme un ami, tout esclave qu'il soit.

 

Et c'est comme ça qu'il me remercie? Ah mais, ça ne va pas se passer comme ça!"

 

Et il fait arrêter Joseph, et le fait mettre en prison.

 

On verra la prochaine fois comment Joseph-le-malin s'en tire pour sortir de prison, et obtenir, en prime, une promotion professionnelle, grâce, quelque part, au mensonge de la femme de Potiphar.

 

Comme quoi, même quand une femme te ment, ne sois pas trop dur avec elle: ça peut peut-être, en fin de compte, se révéler fort utile.

 

        

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 20:59

Donc, Jésus est mort crucifié vendredi, sur le coup des 3 heures de l'après-midi. Joseph d'Arimathée, un type sympa, a été déposer le corps dans un tombeau taillé dans le roc.


Comme c'est sabbat, les femmes doivent attendre dimanche matin avant de pouvoir aller faire la toilette du mort.

Donc, voilà nos bonnes femmes qui vont au tombeau dimanche à l'aube (Luc dit que c'est Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Jeanne) ;

mais Marc dit que c'est Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques, et Salomé ; Matthieu ne parle que des deux Marie, et Jean de la seule Marie de Magdala.

Bref, beaucoup de Marie, et quelques imprécisions historiques qui s'expliquent par le fait que les femmes, à l'époque, elles ne comptaient pas pour grand-chose.

De nos jours, pas beaucoup plus, pour certains, d'ailleurs…

Elles apportent tout ce qu'il faut pour embaumer le corps de Jésus (à cette époque, on tartinait le cadavre avec du parfum et des aromates, essentiellement de la myrrhe et de l'aloès).

Bon, il y a un tout petit hic : elles arrivent, et trouvent le tombeau grand ouvert!

Or, on avait placé une énorme dalle devant l'entrée du tombeau, pour éviter que les chiens et les corbeaux viennent se faire un MacDo à l'œil.

Elles entrent : personne! Plus de Jésus! Elles n'en reviennent pas :

elles avaient pourtant bien vu que Joseph avait déposé le corps là, et qu'aidé de 4 forts gaillards, il avait mis cette dalle…

(elles s'étaient d'ailleurs demandé comment faire, pauvres femmes sans force, pour retirer cette dalle…).

Tout à coup, dans le tombeau, alors qu'elles étaient encore toutes perplexes, voilà que deux mecs, en habits éblouissants, se pointent devant elles.

C'est sûrement ces gaillards qui ont déplacé le corps de Jésus, qu'elles se disent.

Pourquoi, va-t-en savoir : peut-être que Joseph a changé d'avis, et qu'il ne veut plus que Jésus soit dans son tombeau à lui…

N'empêche, rencontrer deux types habillés comme Johnny un soir de gala, dans un cimetière un dimanche à l'aube, ça fout la trouille…

Mais les deux mecs leur disent : "Et, les nanas, pourquoi vous cherchez parmi les morts celui qui est vivant?"

Du coup, les femmes sont certaines d'un truc : ces deux mecs viennent de passer une nuit fort arrosée, et probablement enfumée par des substances pas trop licites, et ils déraillent!

Elles le savent bien, elles, que Jésus est mort : elles ont assisté à son agonie, et ont vu Joseph descendre le cadavre de la croix et le déposer dans ce tombeau!

"Mais non, les filles, on ne déconne pas : il n'est pas ici, il est ressuscité. Souvenez-vous, d'ailleurs, il vous l'avait bien dit :

“Je vais être livré, mis en croix, mais le troisième jour, je ressusciterai”. Si vous l'avez cru à ce moment-là, pourquoi vous avez l'air dubitatives maintenant, hein?"

"Ah oui, en effet, qu'elles disent, c'est vrai qu'il nous avait raconté un truc du genre, à l'époque où il se baladait en Galilée. On n'avait d'ailleurs pas trop compris ce qu'il voulait dire."

Elles retournent au village, pour raconter tout ça aux potes de Jésus (il n'étaient plus que onze, Judas ayant fini de triste façon, mais ça, c'est une autre histoire…) et à tous ses amis.

Evidemment, quand elles disent que non seulement elles n'ont pas trouvé le corps de Jésus,

mais qu'en plus deux types louches leur ont dit qu'il était ressuscité, tout le monde les prend pour des folles :

"C'est le chagrin qui les fait délirer", disent les hommes. "On aurait mieux fait d'y aller nous-mêmes et les laisser pleurnicher ici."

Pierre, qui, rappelez-vous, est un grand naïf (mais qui voit juste, parfois), se décide de courir jusqu'au tombeau pour en avoir le cœur net.

En plus, ça lui fait son jogging matinal, c'est très bien, il a quelques kilos à perdre après la Pâque et tout ce pain et tout ce vin…

Il arrive au tombeau, se penche, regarde, et effectivement : plus de Jésus, juste le drap qui avait servi à le recouvrir!

Pierre s'en va, très étonné de ce qu'il vient de voir : il ne comprend plus rien du tout (déjà qu'il ne comprenait pas grand-chose avant…).

Le même jour, deux des copains de Jésus (l'un des deux s'appelait Cléopas, l'autre, on ne sait pas), marchaient sur le chemin qui va de Jérusalem à Emmaüs, un village à environ 30 km de là,

pour se faire consoler par un vieux copain du nom d'"Abbé Pierre".

Faut croire qu'ils marchaient vite, les deux gars, parce Luc dit que c'était à deux heures de marche de Jérusalem.

Bon, ça descendait, d'accord, mais quand même, même s'ils étaient de foutus bons marcheurs, ils ont dû cavaler…

Ils parlaient entre eux de tout ce qui s'était passé (comment ils font pour faire 30k en deux heures tout en causant? Mystère… ou alors, ils s'entraînaient pour le marathon de New York).

Pendant qu'ils marchaient (très très vite), voilà un mec qui les rattrape (et qui marchait donc encore plus vite), et qui se met à faire la route avec eux.

C'était Jésus, mais ça, les deux gars, ils ne le savaient pas, ils ne l'avaient pas reconnu.

Jésus leur demande : "Vous parlez de quoi, comme ça?"

Les deux s'arrêtent, l'air sombre (et aussi parce qu'ils commençaient à avoir un point de côté).

"Quoi, t'es pas au courant? Ben mon vieux, tu ne lis pas les journaux, tu n'écoutes pas la radio, tu ne regardes pas la télé et tu n'as pas internet, ou quoi?

"T'es bien le seul dans tout Jérusalem à ne pas savoir ce qui s'est passé ces jours-ci!"

"Ben non, qu'il dit Jésus, j'étais absent depuis 3 jours. Il s'est passé quoi de si terrible?"

"On parlait d'un certain Jésus de Nazareth, un mec fort en gueule et en action ; les prêtres et les autorités politiques l'ont fait condamné à mort et l'ont crucifié, vendredi.

"Sauf que nous, on espérait qu'il allait nous délivrer des Romains, comme dans Astérix.

Ça fait maintenant trois jours qu'il est mort, mais quelques femmes, qui étaient allées à son tombeau, nous racontent des histoires à dormir debout :

Elles disent qu'elles n'ont pas trouvé son corps, mais qu'elles ont vu des anges qui leur ont dit qu'il était vivant! N'importe quoi, mais ça nous tombe sur le moral, ces histoires…

"D'autant plus que quelques-uns de nos amis, des hommes bien dans leur tête, sont aussi allés au tombeau :

plus de Jésus! Pfff, évaporé, pas là, parti, volé, envolé! On sait pas, quoi, mais ça fait de la peine!"

Alors, Jésus leur dit : "Vous ne seriez pas un tout petit peu cons, les gars? C'est pourtant bien écrit dans la Bible, que le Christ devrait souffrir comme ça, et puis ressusciter!"

Et il leur explique bien tout, en citant tous les passages de la Bible qui prouvent que ce qu'il dit, c'est la vérité.

Bon, papoti, papota, les voilà qui arrivent au village. Là, Jésus fait semblant de les laisser.

Mais les deux gars, qui trouvent cet étranger étrange mais sympa, lui disent :

"Bah, tu ne vas pas t'en aller comme ça, pas maintenant : regarde, il fait presque nuit!

Tu vas dormir où? Viens chez nous, on loge chez un mec sympa, qui a toujours un place pour accueillir un mec dans le besoin."

"Si vous insistez, répond Jésus." Et ils entrent tous les trois dans la maison de l'Abbé Pierre…

Là, évidemment, ils ont tous les trois un petit creux : vous pensez, après 30k de route, c'est un peu normal.

Donc, ils se mettent à table. Jésus, en bon juif, prend le pain, prononce une prière, coupe le pain, et le leur donne.

C'est à ce moment-là que nos deux zigotos comprennent enfin : l'étranger avec lequel ils ont voyagé, c'est Jésus!

Et c'est aussi à ce moment-là que, pouf!, Jésus leur devient invisible : tout à coup, à sa place, plus personne!

Ils se disent : "P****, qu'est-ce qu'on a été cons! On aurait dû piger, quand il nous racontait toutes ces histoires de la Bible, pendant qu'on marchait!"

Du coup, en pleine soirée, ils retournent en courant à Jérusalem (60k en une journée, champions, les gars!)

Ils retrouvent les onze amis de Jésus, plus tous les autres copains, et ils disent :

"Et, les mecs, c'est vraiment vrai : le Seigneur Jésus est ressuscité! On l'a vu, on l'a vu! On a même parlé et mangé avec lui!"

(et aussi un peu bu, mais ça, ils ne préfèrent pas trop le dire, des fois qu'on mettrait leurs propos sur le compte de l'éthylisme…).

Et ils racontent tout bien ce qui s'est passé, sur la route, et dans la maison de l'Abbé Pierre, et comment ils l'avaient reconnu à sa façon bien à lui de couper le pain…

Fini pour l'instant. Rendez-vous à l'Ascension…

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5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 08:35

Jésus est innocent, mais les autorités religieuses veulent à tout prix sa peau.

 

Pilate, le gouverneur romain, chipote bien un petit peu, mais finit par accepter de faire crucifier Jésus.

 

Les soldats emmènent Jésus, plus deux autres types qui allaient subir le même sort, sur une colline à l'extérieur de la ville, qu'on appelait Golgotha

 

(ce qui veut dire "crâne" en araméen, parce que c'est là que les Romains crucifiaient les condamnés, et qu'on y trouvait pas mal d'ossements, donc de crânes).

 

À l'époque, les condamnés se la pilaient : non seulement ils étaient fouettés avant d'être emmenés au lieu du supplice, mais en plus, ils devaient porter eux-mêmes leur croix.

 

Plus précisément, la barre horizontale de la croix, les poteaux horizontaux restant sur place (ils servaient donc plusieurs fois, et le coup de la "vraie croix de Jésus", j'ai des doutes…).

 

Le Golgotha n'est pas très loin de Jérusalem (environ 500 mètres), mais quand tu es déjà passablement affaibli par une séance de flagellation, ça paraît interminable…

 

En cours de route, le cortège rencontre un type, Simon, originaire de Cyrène (dans ce qui est l'actuelle Libye).

 

Comme Jésus traîne un peu la patte, et que ça énerve les soldats de voir ce fainéant même pas capable de porter une demi-croix sans se casser la g***** tous les 10 pas, ils réquisitionnent Simon pour porter la croix.

 

Un cortège de crucifixion, vous direz ce que vous voulez, ça a de l'allure : des tas de gens, des curieux, viennent voir ce qui se passe, et se mettent à suivre les soldats et les condamnés.

 

Parmi la foule, il y avait des femmes, ces âmes sensibles, qui avaient quand même un peu pitié de Jésus (peut-être des deux autres aussi, mais ça, la Bible ne le dit pas).

 

Elles se lamentaient : "Pauvre type, si c'est pas malheureux de voir ça! Un beau mec, en plus, et encore jeune!".

 

Jésus, qui est peut-être affaibli, n'est cependant par dur d'oreille, et il entend donc ce que disent les femmes.

 

Il leur répond : "Femmes, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants. Parce que l'Apocalypse est en route, avec leur idée de vouloir me tuer!"

 

Bref, on arrive enfin au Golgotha. Là, les soldats crucifient Jésus et les deux autres mecs.

 

Juste pour info : la crucifixion, c'était la pire des mises à mort, tellement horrible que seuls les criminels et les esclaves avaient le privilège de mourir de cette mort-là.

 

Déjà, te faire enfoncer des clous de 30 centimètres de long dans les pieds et les poignets c'est pas très jouissif

 

(et pas dans les mains, comme nous ont fait croire les peintres : ça n'aurait pas tenu, et le crucifié serait tombé la tête en avant, et serait resté pendu par les pieds, ce qui n'est pas très élégant, faut avouer).

 

Mais en plus, tu meurs à petit feu, et tu finis en fait par étouffer, parce que tes poumons sont comprimés du fait de la position, et qu'au bout d'un moment, tu n'as plus la force de redresser la tête pour respirer.

 

Pendant que les soldats le clouaient, Jésus, qui continue à aimer tous les hommes malgré tout, dit à son Père-qui-est-aux-cieux : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font".

 

Là, j'ai quand même un doute : bien sûr qu'ils savaient ce qu'ils faisaient, les soldats, c'étaient des pros de la crucifixion!

 

Comme ils avaient déshabillé Jésus (en lui laissant quand même son slip, faut rester humain, quoi), ils tirent au sort entre eux pour voir qui hériterait de ses vêtements.

 

La Bible ne dit pas qui fut l'heureux vainqueur, mais il n'est pas impossible que le gars s'appelait Jean-Paul Gaultier, et que c'est pour ça que Yvette Horner, Madonna et Mylène Farmer sont habillées comme des sacs…

 

La foule restait là, à regarder : les plus prévoyants avaient pris leur pique-nique et leurs canettes de bière (c'est qu'il fait déjà chaud, le 7 avril de cette année-là).

 

Quant aux chefs religieux, ils ricanaient : "Il en a sauvé d'autres. Ben qu'il se sauve lui-même, maintenant, puisqu'il se dit le Messie!"

 

Facile à dire : je voudrais bien les y voir, eux, quand Jésus est cloué pieds et mains!

 

Les soldats, eux, pour se moquer, s'approchent de lui en lui présentant du vinaigre (parce que Jésus se plaignait d'avoir soif), et ils disaient : "C'est vrai, quoi, si tu es le roi des juifs, sauve-toi toi-même!"

 

Faut dire qu'au-dessus de la tête de Jésus, il y avait une inscription qui donnait le motif de la condamnation : "c'est le roi des juifs".

 

Comme si Jésus n'était pas assez insulté par les chefs religieux et les soldats, voilà qu'un de ses deux co-crucifié qui s'y met aussi :

 

"Ben alors, Monsieur le Messie, tu fais moins le fier, maintenant, hein? Et si t'es vraiment le Messie, c'est vrai, sauve-toi, et sauve-nous par la même occasion!"

 

Mais l'autre co-crucifié répond du tac au tac : "Ben mon vieux, t'es vraiment une crapule qui n'a même pas peur de Dieu, pour te moquer d'un gars qui subit la même peine que nous!

 

Pour nous deux, après tout, ce n'est que justice : on l'a bien cherché, et on a ce qu'on mérite. Mais lui, là, le Jésus, il n'a rien fait de mal, que je sache".

 

Et il dit à Jésus "stp, souviens-toi de moi, quand tu viendras comme roi" (il commençait un peu à délirer sous l'effet de la douleur, vraisemblablement…)

 

Alors, Jésus lui répond : "Ecoute, promis : aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis". (Jésus aussi commençait à dire des trucs bizarres…)

 

Avec tout ça, c'était déjà presque midi. Mais, étrangement, tout est devenu noir comme si on était en pleine nuit, de midi jusqu'à 3 heures… le soleil avait disparu.

 

En à Jérusalem, dans le Temple, le voile qui ferme le Saint des saints (le lieu le plus sacré du Temple, où seul le grand prêtre pénètre une seule fois par an)

 

Ben ce voile, il se déchire en deux, en plein milieu, du haut en bas. Paf, comme ça, alors qu'il n'avait pas un seul faux-pli avant ça!

 

À ce moment, Jésus pousse un grand cri, et dit : "Père, entre tes mains, je remets mon esprit". Et il meurt…

 

En voyant et en entendant ça, un des soldats dit : "Purée, ce mec, finalement, c'était un juste".

 

(donc, c'est injuste…)

 

Tout le monde s'en va, les un après les autres, puisque le spectacle est terminé.

 

Seuls ses copains et sa famille (et quelques-unes de son femmes-club, qui l'avaient suivi depuis la Galilée) restent encore un peu, mais de loin.

 

Sur ces entrefaites, se pointe un homme du nom de Joseph d'Arimathie. Il faisait partie du Sanhédrin, mais lui, c'était un mec bien : il n'avait jamais été d'accord avec les autres pour faire condamner Jésus.

 

Il a pitié de Jésus, et va trouver Pilate en lui demandant la permission de prendre le corps.

 

Pilate est un peu étonné, mais bon, pourquoi pas, après tout?

 

Et voilà Joseph qui décroche Jésus de sa croix, qui l'enveloppe dans un drap propre, et qui va déposer le cadavre dans un tombeau taillé dans le roc, que Joseph avait fait faire pour lui-même.

 

Mais bon, il est riche, il s'en fera construire un autre.

 

Les femmes, qui avaient suivi les choses de loin, regardent bien où Joseph avait déposé le corps de Jésus.

 

Comme on est vendredi, la veille du sabbat, les juifs n'ont le droit de rien faire jusqu'à la nuit tombée du samedi.

 

Elles ne peuvent donc pas avant dimanche matin suivre la coutume qui consiste à faire la toilette du mort.

 

Elles rentrent chez elles, et préparent tout le matériel, pour pouvoir y aller dimanche dès l'aube.

 

Mais la surprise qui attend les femmes le dimanche matin, c'est pour le prochain épisode…

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